Les projets publics de Niki de Saint Phalle Public — Les éditions
L’art public de Niki de Saint Phalle peut être trouvé dans les parcs et les places des villes, mais principalement dans des espaces ouverts, au milieu de la nature. C’est ainsi qu’on peut voir, parmi les fontaines, les escaliers et les toboggans, de grandes sculptures-architectures créées pour être visitées et même, habitées. Selon les propres mots de l’artiste, « le grand public est mon public ».

Entre 1970-1980, Saint Phalle produisit des bijoux, des lampes et des parfums. Certains objets, comme les bijoux et les parfums, étaient créés en éditions limitées, d’autres comme les verres, furent utilisés pour financer en partie la construction d’un parc à Garavicchio, en Toscane, Italie, alors que les lampes servirent à régler des problèmes de santé personnels : « Et c’est ainsi que j’inventai un parfum pour le produire en série et financer le jardin avec le produit de la vente. Je voulais revenir aux années trente et à ces magnifiques flacons créés par des artistes. » Saint Phalle commença à construire le Jardin des Tarots (Il Giardino dei Tarocchi) en 1978, qu’elle mit 20 ans à conclure. Lorsqu’elle l’ouvrit au public en 1998, elle considéra qu’elle avait réalisé son rêve et continua d’y travailler jusqu’à sa mort en 2002.

Pour Le Jardin des Tarots, Saint Phalle fut influencée par ses visites à d’autres parcs comme le Parc Güell d’Antoni Gaudi à Barcelone, les Jardins de Bomarzo en Italie, le Palais Idéal de Ferdinand Cheval à Hauterives, en France, et Watts Tower à Los Angeles.

L’extraordinaire combinaison entre l’architecture, la féerie de la nature et l’approche au monde spirituel à travers les vingt-deux arcanes majeurs du tarot inspirèrent Saint Phalle pour sa conception d’un paysage unique, dans lequel le visiteur pourrait se perdre. Le Jardin des Tarots est un parc rempli de sculptures construites grâce à la contribution d’un grand nombre d’artistes locaux, à partir de structures métalliques recouvertes successivement de béton puis de mosaïques multicolores.

Dans le même temps, Saint Phalle continua à travailler sur des projets des deux côtés de l’Atlantique. En 2000, elle s’attela aux plans du Cercle Magique de la Reine Califia (Queen Califia’s Magical Circle), un jardin de sculpture inspiré de ses interprétations de l’histoire primitive de l’état de Californie, de ses mythes et de ses légendes ; des Amérindiens et des cultures mésoaméricaines ; et de l’étude de la faune et de la flore autochtones. En le situant dans le Kit Carson Park à Escondido, près de San Diego, l’artiste rendait un brillant hommage à la Californie, où elle résida durant ces années, et à un personnage mythologique associé spirituellement à cette terre — l’archétype de l’amazone noire, la reine Califia, et selon l’artiste, « la femme au pouvoir ».

« J’avais rêvé d’un immense jardin de sculpture, mais il n’y a plus de grands mécènes, alors je pensai : ‘pourquoi ne deviendrais-je pas mon propre mécène ?’ Et c’est ainsi que j’inventai un parfum pour le produire en série et financer le jardin avec le produit de la vente. » —Niki de Saint Phalle, 1985